Messieurs et mesdames
Laissez moi vous conter
Le plus horrible drame
De notre société

Attisant ses fourneaux
Où brulent milles âmes
Grillant de bas en haut
Là se trouve la femme

Le diable est une femme et vous vous en doutiez
La place d’une femme n’est-elle pas au foyer

Sur mon lit calciné
Lascive et si cruelle
Comment pour m’invoquer
Faut-il que l’on m’appelle ?
Mes diables et mes hommes
Et Dieu même en personne
Tout simplement me nomme
« Patronne »

Depuis quelques années
Qui sont maintenant des ères
Nous sommes des êtres damnés
Et il faut nous faire taire

Par quelques maléfices
Incompris à leurs yeux
Abusons mâles et fils
Contre les vertueux

On l’a tant proclamé, sur un ton formidable
Le diable est une femme, la femme c’est le diable

Sur mon lit calciné
Lascive et si cruelle
Messieurs venez m’aider
A ôter mes dentelles
Dans vos brulants émois
Ainsi que je l’ordonne
Allez appelez moi
« Patronne »

Quelque soit l’homme noir
Il y a la corruptrice
Consciente du pouvoir
Qui dort entre ses cuisses

Nous glissons les mots doux
Comme les avis funestes
Craignez notre courroux
Car nous sommes bien des pestes

J’encourage le vice, je provoque les guerres
Je dirige le monde et Dieu me laisse faire

Sur mon lit calciné
Lascive et si cruelle
Je vous attends venez
Mes belles demoiselles
Que votre dernier mot
Que la vie abandonne
Soit dans un soubresaut
« Patronne »

Mais pendant vos querelles
Vos crimes et vos bassesses
Je vends l’irrationnel
Et vos histoires de fesses

Je compte les pieux mensonges
Je suis bien une femme
Même dans mes plus beaux songes
Je suis sans loi ni âme

Dieu même est mon complice
Ce n’est pas ordinaire
La grande inquisitrice
Ainsi est la sainte mère

Dieu est tellement belle, c’est une femme généreuse
Mais ne vous y fiez pas, ça n’est qu’une allumeuse

Sur mon lit calciné
Lascive et si cruelle
Pour fêter vos péchés
Je reponds à l’appel
Et pour me faire venir
D’une voix qui frissonne
Il suffit de redire
« Patronne »

Tant d’esperance sans issue
De bévues de malentendus
Affectent mythes et légendes
Joignons le flux et le reflux
Vice et versa, vice et vertu
Relions l’offre à la demande