On peut jamais être tranquille, tssss …
Besoin de méditer gravement et me voilà parti m’isoler à Vulcano … l’envol du phœnix, ça peut pas faire de mal à la méditation, non plus ! Installé tranquille sur un bout de rocher un peu surélevé, adossé à un tronc d’arbre tout crevé, seul, je pouvais enfin me concentrer sur l’histoire… et quelle histoire argh ! Argh et re-argh ! Les coudes sur les genoux repliés, les mains agrippées à la tignasse, j’entrais mes pensées … Même pas le temps de mettre un neurone intact en route pour la réflexion qu’un bruit de pas lourds se dirigea vers moi.
Debout vite fait et en garde pour l’embrouille, Titan me regardait avec un sourire que j’aime pas. Hé non, j’avais pas pensé à ça … le territoire de l’ogre de feu ! c’est vrai que par ici, y a beaucoup de mecs qui m’ont demandé l’heure à chaque fois que je suis venu … bref toute façon, il pouvait toujours se gratter pour l’avoir ! Il m’a regardé bizarre pendant un p’tit moment, puis finalement il a fait demi tour et est reparti dans l’autre sens … Il était à peine sorti de ma vue que je l’entendais déjà balancer ma tête en place publique ! Bon c’était réglé, l’envol du phœnix, c’était pas pour ce soir… et pour la tranquillité, c’était plus trop la peine d’y penser !
Direction, le labyrinthe. Là bas au moins, on m’avait jamais demandé l’heure ! Enfin j’ai quand même rencontré deux gars qu’ont eu le temps de rien demander ! ça défoule, mais ça rassure pas sur la tranquillité des lieux. Finalement, je décidai quand même de m’installer et de passer la nuit là … là où il fait presque toujours nuit en fait ! Du coup, je savais même pas l’heure qu’il était, j’me disais même que si quelqu’un passait, p’t’être je lui demanderais.
Sûr que c’était pas du tout le même décor, d’ailleurs y avait pas de décor, que des hauts murs de pierres grises et froides, infranchissables. Adossé dans un recoin bien sombre, je reprenais depuis le début … Myky, ma souris … partie … puis revenue ... mais entre temps … et depuis …
Et là encore une fois, des bruits de pas, mais pas lourds ceux là par contre, rapides, très rapides ... et des aboiements qui se rapprochent… Ivy et son patchwork vivant qui vient essuyer ses sales pattes sur moi ! J’étais trop heureux de les voir là tous les deux mais Ivy me laissait pas en placer une, me déballant une avalanche de questions essoufflées … et qu’est ce que j’fais là, et pourquoi Myky elle est pas avec moi ? et pis elle est où ? et qui j’attends ici ?
J’essayais de lui expliquer les choses dans l’bon sens, sans passer par le volcan, et aussi pourquoi j’avais besoin d’être tout seul… Tout ça à demi-mots pour essayer de pas trop la choquer, mais j’étais pas persuadé quand même qu’elle pigeait bien tout. Ce que je sais, c’est qu’elle avait un drôle de regard sur moi en m’écoutant.
Finalement, elle avait l’air de s’être calmée, il me restait plus qu’à les raccompagner, il était pas question qu’ Ivy passe la nuit là dedans ! Le Berk fila comme l’éclair, comme s’il avait vu … un chat ! Il arrêtait pas d’aboyer dans tous les sens en se cavalant, Ivy arrêtait pas de gueuler pour essayer de le faire revenir tout en courant derrière, et moi me v’là parti à suivre le mouvement, me jurant intérieurement de m’obliger à aller méditer à l’auberge la prochaine fois, et sous un faux nom, pour pouvoir réfléchir en paix !
Au lieu de ça, j’étais là maintenant enfoncé au fin fond des bois qui entourent toute la muraille du donjon … j’me souvenais même pas être déjà passé par là, les branches étaient basses … un vrai coupe gorge comme endroit. La chasse en journée par ici devait sûrement être intéressante, j’essayais de repérer l’endroit pour y revenir, en plus, ça tombait bien, Berk venait enfin de stopper net, une patte en l’air, à quelques mètres d’une grosse cabane à l’allure abandonnée, ou en tous les cas, pas entretenue. Berk fonça d’un coup pour se coller la truffe au ras du seuil de la porte, faisant les cent pattes devant, soufflant bruyamment à travers ses naseaux rasant le plancher.
Sûr qu’il y avait un truc pas clair derrière cette porte, et le chien avait l’air bien énervé ! Ivy j’en parle même pas, rien que le mot ‘cabane’ et déjà on la tient plus … alors bon, elle a p’t’être pas la truffe bruyante (quoi que ..), mais en tous les cas, je savais sans la regarder que si j’étais pas là, elle serait déjà dedans ! J’ai quand même pris le temps de faire le tour de la cabane, collant mon oreille de temps en temps aux planches qui ne faisaient que parler le silence.
Berk se calmait pas, au contraire, il commença à gratter rageusement le bas de la porte, un grognement sourd et menaçant maintenant mêlé à son souffle. Sans trop rien comprendre de tout c’qu’il se passait là, je balançai trois coups violents et lourds dans la porte ... on allait sûrement bientôt être fixés …