Appelez moi

Schtrow
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Il y a 15 ans | Le 11 Oct 2008 14:10:51
Appelez moi... Bavarde

Quels seraient ses dernières paroles ? Un ultime mot d’adieu ? De haine ? D’amour et de tendresse ? Ou bien une diatribe sanguinaire, une incitation à la révolte et à la haine ?

Offrira-t-elle un cadavre généreux, qui dans ses derniers instants, aura pensé au bien des générations futures ?

Ou pas. N’est ce pas ce qu’on dit ? Ou pas. Schtrow ne savait pas ce qu’elle dirait pour ses derniers instants. Peut-être mourra-t-elle dans son sommeil, et que son dernier souffle ne sera qu’un ronflement.

Les terres de Baduk étaient fertiles. Ceux sont elles qui avaient accueilli ses premiers pas. Un jour, elles accueilleront ses dernières foulées. En attendant, c’était avec joie qu’elle retournait les contempler, admirer ces lieux pleins de souvenirs.

C’était souvent là qu’elle trouvait l’inspiration, le calme nécessaire pour pouvoir exprimer ses pensées. C’était ces terres qui lui permettaient de se remémorer les doux moments du passé, et d’aller voir les personnes concernées par ses tourments présents.

Avec l’âge et l’expérience, elle avait appris à modérer ses propos, afin de garder de sa clarté. Mais toujours, elle allait voir les personnes avec qui elle était en conflit, avec qui elle était en émois, aussi.

Toujours être honnête, toujours s’expliquer. C’est ce qu’on lui avait appris. Et maintenant que la leçon était passée pour elle, elle voulait la transmettre. Et quoi de mieux que ces terres de Baduk, où les plus jeunes restaient constamment ?

Ce fut dans cette terre, porteuse de futurs héros, qui avaient vu tous les grands du passé qu’elle écrivit quelques mots, selon son habitude.


Les incompréhensions sont faites de non dits plus que de non sens. Peut-être trouvera-t-on que mon langage n’est qu’un babillement à vos oreilles, mais laissez vous porter et écoutez le. Quand ma mort viendra, j’espère que mes dernières paroles ne seront qu’un « gasp » léger, car j’aurai dit toutes les choses importantes de mon vivant.

Passer des heures à balbutier des mots incompréhensibles n’est pas ce qu’un mourant a de mieux à faire. Avant de partir, sachez que mes discours auront été prononcés, mes conflits réglés, mes amis remerciés.


Schtrow
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Il y a 15 ans | Le 11 Oct 2008 14:12:27
Appelez moi... Protégée

Schtrow avait déposé de nombreuses roses, une pour chaque ami, pour chaque compagnon, pour chaque parent décédés. Et elle en déposerait encore beaucoup, elle le savait.

Elle leur offrait un dernier hommage, un ultime souvenir. Et pourtant, il y avait tant de personnes vivantes qui méritaient le même traitement.

Pourquoi offrir ces larmes, ces souvenirs, à des morts ? Les vivants n’en méritaient pas autant ?

Schtrow aimait regarder le passé. Et tout au long des années oubliées, un homme ressortait. Toujours le même. Rien que sa présence expliquait toute une vie, toute une philosophie, tous les buts de la jeune fille.

Cet homme, c’est un nain, qui fut son mécène, qui fut son protecteur, qui fut son parrain. Et qui est son ami. Cet homme, c’est un nain au cœur tellement généreux, un homme prêt à se briser pour aider, prêt à se sacrifier pour les autres, par solidarité, par humanité.

Sans lui, elle aurait quitté ses terres depuis longtemps. Sans lui, elle aurait fui, elle aurait abandonné, elle aurait sombré. Mais il avait toujours été là, à lui offrir une main pour se relever, une épaule pour se reposer, un câlin pour se réconforter.

Cet homme, il se nommait Gotrek.

Etant de nouveau sur les terres de Sato, elle écrivit un nouveau message dans le sable, un nouveau message éphémère.


N’attendez pas que le temps aie fait son office pour louer vos amis. N’attendez pas que la grande faucheuse vous ait précédé. Les morts ne peuvent entendre les paroles, ne peuvent lire les mots, ne peuvent se souvenir de nous.

Ne les oubliez pas, mais aimez les lorsqu’ils sont encore vivants, lorsque le sang palpite sous la peau, lorsque l’air circule dans leurs poumons.

Ne regrettez pas d’avouer vos sentiments. Et surtout, ne jetez plus de roses sur des tombes, offrez les en main propre, le sourire qui vient en retour vaut tellement plus que des larmes devant une tombe.


Schtrow
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Il y a 15 ans | Le 11 Oct 2008 14:14:27
Appelez moi... Athée

Schtrow voyait les dieux se multiplier autour d’elle. Elle aussi avait été attirée par cette quête du pouvoir. Il est tellement plaisant de penser avoir un certain ascendant sur l’autre.

Pourtant Schtrow avait réfléchi. Qui était-elle pour mériter décider ainsi du droit de vie et de mort sur untel ? Elle n’avait rien de plus que ceux qu’elle accusait. A part cette soif de pouvoir. A part cette ambition.

On dit qu’un dieu, c’est quelqu’un qui regroupe le pouvoir exécutif, juridique et législatif. Schtrow avait-elle failli être un dieu ? Condamnant et exécutant quiconque ne suivait pas ses propres règles, qu’elle aurait elle-même imposée ?

Elle ne le voulait pas. Elle était en totale opposition avec ce principe de vie. Dark_Malak, un de ses amis, l’avait précédé de peu, pour les mêmes raisons.

Schtrow refaisait parti du peuple. Elle était issue du peuple et dès le premier instant, elle savait qu’elle y retournerait.

Elle s’approcha des déserts sableux de Sato et écrivit avec son doigt.


A vous, maître de ces terres, ne suivez pas les anciens tyrans, qui ne voyaient par notre présence que leur confort. Votre pouvoir ne doit apporter qu’un avantage, le bien-être du peuple. Certes, il m’a fallu du temps pour m’en rendre compte, mais maintenant, j’aimerai vous faire part de mon savoir.

Cessez les querelles internes, cessez les complots. Suivez Abys dans ses prises de décisions, aidez le, soutenez le. Ne vous servez pas de votre pouvoir fantoche pour vos propres besoins. Ils sont là pour aider ceux qui en ont besoin. Pour faire le lien entre nous, personnes de peu, et Abys, personne de tout.


Schtrow savait qu’avec son passé, peu écouteraient ce message. Mais elle voulait essayer. Et elle aimait contredire les proverbes. Les paroles s’envolent, les écrits restent ? Ces quelques mots disparaitraient au moindre coup de vent, laissant le désert aussi vierge que les mémoires des courageux à avoir lu ces quelques mots.

Schtrow
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Il y a 15 ans | Le 11 Oct 2008 14:15:39
Appelez moi... Veuve noire


Et bien, son pressentiment était le bon. Schtrow déposait de nouveau une rose sur l’eau. Une nouvelle, une dernière, peut être.

Mais celle là était tellement dure à déposer.

Son cœur brisé, ses yeux humides, et son âme en peine. Voilà tout ce qu’il semblait lui rester. Mais au creux de sa paume, elle savait qu’il lui restait bien plus. Il lui restait un cœur, qui panserait le sien.

Mais au creux de sa mémoire, elle savait qu’il lui restait bien plus. Il lui restait de nombreux souvenirs de cet homme. De ce freakazoid.

Ce n’était pas le premier époux qu’elle perdait, loin de là. Fidèle à ses idées, elle avait vidé tous ses maris avant de les abandonner. Et tous avaient trépassé.

Un seul survivait encore, mais il n’était plus que l’ombre de lui-même, l’ombre d’un autre.

Son premier époux avait été Silfrid. Elle lui avait donné deux enfants, il lui avait offert de nombreux cadeaux. Il tomba de chagrin peu après leur séparation. Schtrow continua son chemin.

Le second fut un jeune guerrier fougueux, gaara-du-desert. Elle lui avait offert trois enfants, il lui avait offert un toit, une famille, des compagnons. Leur séparation le plongea dans la déprime, dans le malheur, dans la mort.

Le troisième fut un amoureux des fleurs, baloc21. Elle lui offrit trois enfants, il lui apporta aisance matériel et bonheur. Il restait maintenant souvent muet, changé à jamais.

Et il y avait tous les autres. Amant d’une nuit, amant d’une vie. Squall_Jo, qui l’avait aidé dans sa quête d’indépendance, et qui lui avait offert de grands cadeaux. Sain, et ses viandes qu’elle offrait et vendait à bas prix. GoodQ, dont elle se demanderait toujours si sa princesse en était la fille.

Tous avaient disparu. Plus aucun n’était de ce monde.

Et il y avait eu Kuku. Le seul qu’elle n’avait jamais trompé. Le seul qu’elle avait suivi jusqu’à sa mort. L’unique.

Il lui avait offert, lui aussi, mille présents, bien plus ! Le freakazoid aimait faire dans la démesure. Elle se souvenait de son mariage. Beorn, DRAKE, deux autres disparus. Deux autres aimés, mais d’une grande amitié. Gotrek, son parrain, toujours présent pour elle. Et quelques invités de marque, son père, Kymaeira, pour qui les roses et les larmes avaient coulées pour la première fois, sa fille, la Belle de son cœur.

Le mariage avait survécu à toutes les difficultés. A la distance, qui souvent séparaient les amants, aux assauts des prétendants, qui courtisaient la jeune femme, à l’inquiétude de l’entourage de voir un couple si peu assorti.

Maintenant, il la suivait d’un œil curieux, mais plus jamais elle ne sentirait la chaleur de sa main, la douceur de son pyjama, la bonté de son cœur.
Il était parti. Il était son dernier mari. Il était unique.

Schtrow se promenait sur Kedok, admirant les étoiles, comme il aimait le faire. Elle prit une brindille et écrivit dans la terre meuble de cette région fertile :


Aujourd’hui est un jour noir, le monde continue de tourner, m’éloignant de toi peu à peu.

Aujourd’hui est un jour auréolé d’une douce lumière, car ce jour voit la naissance d’un nouvel amour. L’amour d’une idée, l’amour d’une philosophie, l’amour de la vie.

Gardons le sourire aux lèvres, tu m’appelais déesse du sourire, je saurai rester digne de ta confiance.

Pars le pas léger, je garde ton cœur près de moi, pour me soutenir, pour m’aider à avancer, pour…

La veuve noire n’est plus, la veuve noire a tué le seul qui lui offrait tout, sans qu’elle ait à réclamer.