A l’aube de la septième ère du royaume d’Arnelis, il faisait bon vivre.
La nature était luxuriante, le calme régnait, personne ne manquait de rien.
Bien entendu, il y avait des classes aisées mais grâce à l’entraide, la classe pauvre était enfin anéantie.
Le royaume était géré par le grand Cordor, conseiller du roi Gonfran.
Ce dernier vivait dans une citadelle gigantesque au sommet du mont Shinaz, surplombant la vallée de la destinée.
Il n’oppressait pas son peuple, veillait à la sécurité de chacun et était apprécié de tous.
L’autorité du royaume était exercée par le grand Cordor, qui disposait d’une armée immense.
Il faut dire que les terres s’étendaient sur un espace si vaste que personne n’eut réussi à les explorer entièrement.
L’armée disposant d’une centaine de milliers d’hommes et d’un groupe d’élite.
Ce groupe est nommé la horde du silence, une centaine de maîtres d’armes dont les visages sont dissimulés entièrement sous leur casque intégral, commandée par le Général Vorn, puissant guerrier réputé invincible.
Leur base est située au beau milieu de la forêt des tourments, on ne les voit qu’une fois par lune, lors de la fête royale célébrant la victoire contre les forces du mal.
Les secrets de ces terres sont gardés dans un donjon, appelé la tour des cieux et habitée par de puissants magiciens dont le doyen de ces terres, le grand mage Elsior.
Il est le seul survivant de sa race, les Korval ; de puissants magiciens capables de prédire l’avenir, de dompter les vents, le feu et les eaux, ils ont le don de communiquer avec les animaux.
Il est né à la fin de la première ère et connu la froideur de la période des ténèbres.
Car ce royaume n’a pas toujours été ce qu’il est aujourd’hui, une ère sanglante dont les sages préfèrent taire les histoires.
La seule chose que tout le monde sait, c’est que le seigneur des ténèbres fut vaincu par la horde du silence associée au peuple, aux elfes et aux Korval.
Il est emprisonné dans un endroit tenu secret de tous et c’est bien mieux ainsi.
Arriva ce jour de fête, ce jour où la sublime Tessa, princesse du comté du lac des supplices, donna naissance à un garçon appelé Vornar.
La communauté du lac des supplices étaient la descendance directe du peuple elfique, race éteinte depuis que ces derniers se soit mélangés aux hommes.
Il était le fruit de son mariage avec le général Vorn, son héritier, celui qui commandera la horde du silence après sa mort.
Sa destinée était toute tracée, son enfance se passait presque uniquement avec sa mère, son père étant très souvent dans la forteresse de la horde avec ses frères d’armes.
Il grandit donc au bord du lac des supplices, chéri par sa mère et endurci par son père lorsque ce dernier était présent.
C’était un chenapan, il faisait tourner en bourrique toute la communauté mais n’était jamais irrespectueux.
Le jour de ses douze lunes, son père vint avec un étranger, son nom était Minir ; il était forgeron, maître d’armes et l’entraîneur des valeureux et puissants membres de la horde.
Alors que Vornar était en train de dormir au beau milieu de cette nuit festive, une dispute éclata entre son père et sa mère.
Sa mère hurlait, éclatant en sanglots, suppliant son époux de ne pas l’emmener avec lui.
Vornar se Réveilla, sa mère était à son chevet, lui caressant la tête affectueusement et lui dit :
« Mon chéri, le temps est venu.
Cet anniversaire marque la fin de ton enfance et le début de ton apprentissage.
Tu vas suivre l’homme qui est avec ton père, il va s’occuper de toi.
Ce sera dur mais ce le sera bien plus pour moi, nous nous reverrons à chaque lune, je t’attendrai impatiemment. »
Vornar se leva, fort malgré son âge, prit sa mère dans ses bras et lui embrassa la main.
« Je te ferai honneur maman et deviendrai aussi fort que mon père.
Je t’aime »
Il lui lâcha la main doucement, laissant glisser ses doigts sur ceux de sa mère puis sorti de la pièce sans se retourner.
Ils montèrent tous trois sur un dragon puis prirent la route du mont shinaz.
Vornar contemplait le paysage, agrippé fièrement au torse robuste de son père.
C’était la première fois qu’il montait sur un dragon, pire encore ; c’était la première fois qu’il partait seul avec son père.
Ils survolèrent le lac des supplices, les grottes de l’oubli, le brasier d’Argol, les marécages des profondeurs, la plaine de l’espoir puis enfin la vallée de la destinée.
Au loin, le mont shinaz se dressait, le dragon prit alors de l’altitude, on pouvait voir la citadelle royale et juste derrière, la forêt des tourments.
Le dragon atterrit alors face aux gigantesques portes de la citadelle, les clairons hurlèrent d’un seul ton.
Le crissement des portes se fit entendre et s’ouvrirent laissant admirer le spectacle qui attendait Vornar.
Des milliers de gardes formaient une haie d’honneur, genou gauche à terre, tête basse, glaive dans la main droite levé au ciel.
Ils parcoururent lentement l’allée pavée de dalles de rubis finissant par des escaliers menant à l’entrée du bâtiment.
Le comité d’accueil final est composé de dix guerriers étranges, ils portent une cape noire, une armure et un casque intégral sombre ne laissant qu’à peine entrevoir leurs yeux injectés de sang.
Vornar est un peu intimidé, ils ont l’air très fort.
Arrivés devant eux, Vorn stoppa sa marche ainsi que Vornar et Minir.
Vornar leva ses yeux et vit un balcon à l’intérieur duquel une jeune fille le regardait.
Elle était vêtue d’un blanc éclatant ornée d’une pierre précieuse de couleur mauve, elle était belle comme la lune, aussi lumineuse que les étoiles.
C’est alors que la voix de Vorn résonna :
« Mon fils, sois fort et prépare-toi à servir ton peuple »
Vornar détacha son regard de la demoiselle et ne vit plus que Minir devant lui.
Son père et les guerriers avaient disparus comme par enchantement, dans un silence mystérieux.
« Suis-moi, je vais te montrer ta nouvelle chambre » dit Minir.
Vornar suivit alors Minir dans la cour, étonné de ne pas entrer dans la si belle bâtisse.
Il firent le tour de l’immeuble et arrivèrent dans une modeste cabane.
La pièce était vétuste, grande et sombre, une paillasse était posée par terre au fond de la pièce.
« Ici se trouve la forge avorton !
La paillasse te servira de lit, tu ne pourras dormir qu’une fois que je te l’aurai ordonné.
Ton père n’est désormais plus là et tu ne reverras ni ton père, ni ta mère avant que tu sois un homme, c’est à dire dans dix lunes ! »
Vornar était resté crédule, ne comprenant pas le sens des mots de celui qui est désormais son tuteur.
D’un réflexe enfantin et naturel, il se mit à pleurer.
« Cesse de pleurnicher de la sorte gamin ! Tu m’énerve !
Tu vas devenir ce qui est ta destinée, tu me remercieras un jour. »
Puis il claqua la porte aussitôt et le tabassa afin de l’endurcir.
Vornar criait, il était trop jeune pour subir cette éducation, lui qui a été tant chéri par sa mère.
Une fenêtre donnait de la citadelle donnait sur la cabane, cette étrange et jolie petite fille regardait la scène impuissante.