Raphaëlle prit sa respiration, un grand coup. Elle s'installa à même le sol, dur et froid, et écrivit à l'encre magenta ces mots :
«Chers amis, ou ennemis,
Cela faisait longtemps que j'y pensais... Mais cette fois, je crois que le moment est arrivé, pour de bon. Dans ma bêtise, j'ai tout fait perdre à ma femme, Enkina. Elle n'a plus rien, moi non plus. Certes, l'or ne fait pas tout. Mais mes amis aussi ne sont plus.
J'ai commis des erreurs, c'est vrai. Mais cette fois, je doute que ce soit une erreur. Je ne sais pas vraiment ce que je peux vous dire, les mots ne peuvent en rien décrire ce que je ressens à cet instant.
Je souhaite une bonne route à mes amis, à mes connaissances, et même à mes ennemis.
J'espère que vous saurez prendre soin de celle qui a partagé ma vie pendant une longue période. Je parle d'Enkina, bien sur.
Enkina, tu sais ce que je ressens pour toi, et je suis désolée de te laisser seule. Mais je crois que cela vaut mieux pour toi. Et pour moi.
Je vais pas m'éterniser sur ce bout de parchemin, il est trop petit et insignifiant pour confier ce que j'ai à confier.
Adieu, peuple des Terres Argentées.»
Raphaëlle placarda ce parchemin sur le panneau de bois de Biceps City.
Elle tourna les talons, sans un regard en arrière. C'était la fin, elle le savait. Elle n'avait plus de temps à perdre en regrets.
Elle s'éloigna, la larme à l'œil, à l'idée de laisser tous ces gens... Elle arriva au bord d'un précipice. Elle fixa longuement le sol, en contrebas. Il était très loin d'elle.
Sans réfléchir, Raphaëlle se jeta dans le vide. Le sol se rapprochait, à toute vitesse. Soudain, plus rien. Ça y est, elle n'était plus...