Baduk, Forêt.

La nuit est profonde, tranquille. Seuls quelques guerriers valeureux osent troubler le calme béni de la nuit pour aller s'entraîner en grand secret. Il est vrai que l'obscurité préserve de bien des dangers... Le bruit des serpents qui rampent, le bruit des insectes qui grouillent, tout ceci ajoute une note angoissante au tableau appeurant des bois de Baduk lorsque l'obscurité est enfin tombée.

Je suis agenouillé depuis deux heures, déjà. A ma place, nombreux sont ceux qui seraient déjà partis, loin des jardins, loin des bois. D'autres encore n'auraient pas autant étudié leur cible, lui seraient rentré dedans sans crier garre, provoquant ainsi un court effet de surprise mais qui ne servirait strictement à rien face à un adversaire au talent plus que confirmé...

Pas moi. Je pense qu'il faut donner la mort, et non enlever la vie... La mort est un cadeau qui doit être fait, et comme tout cadeau qui se respecte, il convient d'étudier la personne à qui on va offrir pour qu'il puisse apprécier son présent. Je choisi toujours méthodiquement ma cible, afin de ne pas commetre d'injustices... Je deteste faire le mal à tord et à travers, mais cet homme que j'attend, il doit mourir, je dois lui faire présent de ma lame...

Un bruit me fait presque sursauter. Il est là, enfin, tout près de moi. Souriant, je ne peux m'empêcher de me féliciter intérieurement... J'ai encore fait du progrès, même s'il aura finalement réussi à me surprendre, ce qui aurait pu être dangereux, si seulement cet assassin se doutait de ce qui l'attendait.

J'agite les branches autour de moi, de sorte à ce qu'il soit angoissé, et qu'il vienne voir plus près du buisson ce qu'il s'y trame. Il avance, sur ses gardes, la main sur son épée... Il est en train de chasser, afin de se rendre plus fort, il ne peut imaginer qu'un titan l'attend dans les fourrés, une bête de trois mêtres de haut, aux crocs bien affutés. J'attends qu'il ne soit qu'à un mètre de moi, et d'un coup, je le tire vers moi, à l'intérieur du buisson.

Il se débat, le diable, il a compris ce qu'il se passait. Il sait qu'il va mourir, que se débattre ne changera rien, de la manière dont je le tiens, mais le desespoir l'atteind, et ce desespoir nous fait parfois faire des choses inconsidérées... Je parviens à l'immobiliser de justesse, et commence mon oeuvre...

Tout d'abord, je lui découpe avec ma dague sa langue, ainsi que ses oreilles, de sorte à ce qu'il ne puisse plus prévenir personne... Le sang éclabousse mes habits, rendant ma tunique blanche rougeoyante sous les membres du malheureux. Ensuite, je lui coupe, d'un coup puissant de manchette, les tandons de ses jambes : il ne pourra désormais plus s'enfuir...

Puis viens le moment que j'apprécie particulièrement : je le retourne, et contemple ses yeux embués de larmes de douleur... Il ne faut pas qu'il souffre davantage, me dis-je... D'un grand coup, je plante une dague dans son coeur. Il est agité de soubresauts durant quelques secondes... puis il ne bouge plus.

Heureux de mon acte, je me relève, essuye ma lame. A ce moment, je jette un regard sur le cadavre, et me dit que c'est du gâchis. Enfin, mon âme de titan reprend le dessus sur l'homme, tend les mains armées de griffes vers le corps, et enfonce les membres dans ma bouche. Je me met à manger, goulûment, et sors du buisson. A n'en pas douter, cette nuit aura été plaisante...